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REGISTRES DU BUREAU
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lad. compaignée, pour adviser tant sur le recouvre­ment desd, deniers que de la maniere d'y proceder, et comment et en quelz habitz la Ville doibt marcher et aller audevant dud. seigneur et de la Royne, pour leur faire honneur à leurs entrées; et sur ce a mys la matiere en deliberation et a demandé à chascun desd, assistans leur oppinyon.
Tous lesquelz ont conclud, advisé et deliberé qu'on doibt faire toutes les magnifficences et trium­phes qu'il sera possible à l'entrée dud. seigneur, tant en théâtres, eschauffaulx, piramides que autres sin-gularitez que adviseront Messrsles Prevost des Mar­chans et Eschevins. Et quant à la valleur du don et present qu'on doibt faire aud. seigneur, suyvre la premiere délibération de Conseil, et donner à la Royne la valleur de sept à huit mil livres tournois; et pour trouver deniers pour ce faire, obtenir per­mission du Roy de prandre les deniers des plus valleurs des fermes du pié fourché vendu au marché et huitiesme de Greve, nagueres racheptées par led. seigneur t3', jusques à la somme de xii" livres tour­nois ; et oultre, bailler à main ferme l'ayde de quinze
Ville, que led. seigneur luy a dict qu'il feroit son entrée à Paris au moys de May prochain, et que icelle Ville eust à trouver inventeurs, faire faire pourtiaictz et devyz des triumphes et misteres qu'il apartient en tel cas.
Mais, pour ce que puis nagueres lad. Ville a achepté des places à la Court la Royne t1-, pour mectre l'artillerye d'icelle, et faict besongner, tant au basti­ment neuf de l'Ostel de lad. Ville que à la Fontaine des Sainctz Inocens, lesquelz il est besoing de con­tinuer, de peur de laisser gaster le reste, principal­lement le pavillon encommencé et lad. Fontaine des Sainctz Inocens, et que, pour ce faire, fauldroit prandre du fons des deniers de la Ville, environ douze mil livres tournois des deniers des plus val-leurs des aydes du pié fourché et huitiesme de Greve, nagueres racheptées par le Roy''2', qui ne seroit suffisant pour employer à faire lesd, triumphes, presens et autres fraiz desd, entrées, qui coustèrent plus de trente mil livres tournois, mais seullement pour continuer lesd, bastimens ;
A ceste cause, auroit faict congreger et assembler
O C'est-à-dire à l'hôtel de la Cour de la Reine, près les Célestins, dont les bâtiments et l'emplacement avaient été mis en vente par lots par les Commissaires nommés pour diriger l'aliénation du domaine royal. Cette acquisition, dont il est parlé seulement ici et d'une façon tout à fait incidente, avait été faite par des prêle-noms du Prévôt des Marchands et des Echevins, qui six mois après, par acte notarié, déclarèrent avoir agi au nom et suivant les instructions de la municipalité, et avoir payé des deniers de la Ville les lots achetés aux enchères. Le Registre étant très peu explicite sur celte affaire, il n'est pas inutile de donner ici quelques extraits de ce do­cument et l'analyse des pièces y annexées.
"Par devant Jehan Cordelle et Jehan Quelin, notaires ou Chastellet de Paris, furent presens noble homme maistre Regnault Ba­chelier, greffier de l'eslection de Beauvays, et Jehan Lucas, marchant bourgeois de Paris, lesquelz recongnurent et confessèrent que, à la priere ct requeste de Mess" les Prevost des Marchans et Eschevins de la ville de Paris et pour leur faire plaisir, ilz se seroient dès le (la date en blanc), transportez en l'auditoire du Tresor à Paris, par devant Mess" les Commissaires ordonnez et depputez par le Roy sur le faict de l'aliénation de son domaine, mesmes de l'hostel de la Court la Royne, assis en ceste ville de Paris, près les Celestins, qui led. jour se devoit, par lesdits commissaires, vendre, bailler el delivrer au plus offrant et dernier encherisseur, pour enchérir et mettre à pris trois places faisans portion dud. hostel de la Court la Royne, lesquelles places... furent par euh encheries et mises à prix..., assavoir la x° place par led. Bachelier à la somme de xii' iiii" xii livres dix solz tournois, el par ledit Lucas les ix" et xi" places dud. hostel à n°1111e Lxxv livres. . .; lesquelles places leur auroient esté led. jour adjugées par iceulx commissaires. .. Le pris desquelles encheres montant ensemble à la somme de iii" vi' lxvii livres x solz, leur auroit depuis esté baillé et fourny des deniers d'icelle Ville par noble homme in" Philippes Macé, Notaire et Secretaire du Roy, Receveur de lad. Ville... Et n'ont iceulx Bachelier et Lucas, en cc faisant, fait que prester leurs noms ausdits Prevost des Marchans et Eschevins, ausquelz, en tant que besoing seroit et est, iceulx Ba­chelier et Lucas, font cession et transport d'icelles trois places, ainsi à eulx adjugées et baillées.. . Faict l'an mil v° xlix, le x0 jour d'aoust, n
A cet acte sont jointes deux quittances de mème dale, délivrées aux deux preneurs par Jean Turquain, Receveur ordinaire de Paris, délégué à cet effet par les Commissaires du domaine, et deux lettres patentes de Henri IL Les premières sont des lettres d'amortissement et d'ensaisinement en faveur du Prévôt des Marchands et des Echevins, «^our esd. 1rois places y faire et construire une franche pour y mectre et loger les artilleries el municions appartenans à nostre ville de Paris, ou lieu des granches estans derriei-e ['encloz des Celestins a eulx appartenans, que nous avons prinses pour y loger nostre artillerie» (Voir ci-dessus p. 84). Elles sont da­tées de VillersColterets, août 1549. Les secondes, données à Amiens le 18 août, sont un mandement adressé au Parlement pour l'entérinement et l'exécution des premières. (K 957, n° 20.)
I5) Ce membre de phrase, depuis : des deniers des plus valleurs..., a été ajouté en marge sur le Registre.
C) Permission de prélever six mille livres sur les plus-values des fermes du pied fourché et du huitième du vin vendu en détail au quartier de Grève, et en outre de faire un emprunt de trente mille livres sur les bourgeois de Paris, pour subvenir ain frais de l'entrée du Roi et de la Reine, fut accordée aux Prévôt des Marchands et Échevins par lettres patentes, données à Saint-Germain-en-Laye le 3 mars 154g (n. s.). (Original scellé, Archives nationales, K 957, n° 9.) Puis, par autres lettres du 18 avril suivant, Henri II porta à douze mille livres la somme que pourrait prendre la Ville sur lesdites plus-values, (ld. ibid., n° i3.)